Ilots de chaleur urbains et niveaux de pollution de l’air

Ilots de chaleur urbains et niveaux de pollution de l’air : des éléments forts de vulnérabilité à Nogent

La loi de transition énergétique du 18 août 2015 oblige les métropoles (art L 229-26) à élaborer un plan climat air énergie (PCAEM).

L’arrêté ministériel du 4 août 2016 précise dans son article 2 que le PCAEM devra fixer des objectifs stratégiques et opérationnels dans 8 secteurs d’activité :

  • le résidentiel,
  • le tertiaire,
  • le transport routier,
  • les autres transports,
  • l’agriculture et la forêt,
  • les déchets,
  • l’industrie hors branche énergie
  • et l’industrie branche énergie.

Le champ de réflexion et d’action du PCAEM est donc vaste et s’inscrit dans le cadre de la démarche d’évaluation environnementale, exercice obligatoire qui permet d’aller vers une cohérence globale du plan entre ses différentes orientations mais aussi les autres plans et démarches sectoriels (SCOT et PLU par exemple)

Pré-diagnostic environnemental pour la MGP

La métropole du Grand Paris a élaboré un pré-diagnostic environnemental en juillet 2017 dont le périmètre s’étend sur les 131 communes qui la composent . Ce document a été établi avec le concours des techniciens d’AIRPARIF, de l’APUR, de l’ARENE et de l’IAU d’île de France. Ce pré-diagnostic de 80 pages permet d’ores et déjà pour les associations de protection de l’environnement et donc celle de l’association des Nogentais de faire le point sur la situation environnementale de leur lieu de résidence. Il est en effet prévu que le PCAEM se décline dans les différents EPT (dont le 10e comprenant Nogent.)

L’un des 4 chapitres de ce pré-diagnostic , le chapitre 2, fait l’ inventaire des vulnérabilités ainsi que des adaptations aux effets du changement climatique ,sachant que le document reprend les travaux du GIEC de 2013 qui évaluent dans le cadre d’un développement économique tendanciel une progression des températures de +1,1° en 2030 et +3,4° en 2080.

Dans ce cadre le pré-diagnostic prend en compte le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) qui est d’ores et déjà une réalité : les canicules 2003, 2006, 2015 ont affecté les Franciliens avec en 2003 les taux de surmortalité les plus forts de France.

Les îlots de chaleur urbain

Le phénomène d’ICU est à l’origine de forts contrastes au sein même des villes entre les îlots de chaleur et les îlots de fraicheur, en fonction de différents paramètres dont la densité du bâti, l’existence ou non d’espaces verts à fort pouvoir rafraichissant. L’indicateur de nuit tropicale de la canicule de 2003 permet de visualiser les zones les plus sensibles à l’effet d’îlot de chaleur urbain ainsi que la vulnérabilité aux vagues de chaleur/canicule du territoire en croisant un ensemble de paramètres.

Il convient de noter que cette problématique environnementale des effets du réchauffement climatique sur la population de la métropole est nouvelle dans les objectifs de planification, à la différence des questions relatives au phénomène de ruissellement, d’inondations ou de glissements des sols que la population a appris à prendre en compte dans les plans de prévention des risques.

Aussi, il apparait indispensable que les citoyens soient sensibilisés sur les conséquences du réchauffement climatique dans les îlots de chaleur urbains ainsi que sur les moyens à prendre pour en atténuer les effets en termes de santé publique et de bien-être.

A ce titre, l’examen des travaux des entités publiques qui l’ont élaboré est pour la partie qui concerne la commune de Nogent , particulièrement intéressant.

Les cartes en pages 31 32 du document relatives à la vulnérabilité à la chaleur urbaine des territoires indiquent clairement le constat suivant à partir de la situation des constructions urbaines de 2003 : L’amplification de l’aléa canicule est faible donc plutôt satisfaisant en termes d’effets sur la santé et le bien-être dans la partie Ouest de Nogent entourant le bois de Vincennes, dans la partie Sud et les coteaux de la ville autour du parc Watteau et de la Maison des artistes ainsi qu’au Nord du Boulevard de Strasbourg dans le quartier des Viselets.

Il est ainsi évident que les espaces publics boisés ainsi que la protection par le PLU de ces quartiers patrimoniaux possédant des espaces verts privés, jouent un rôle essentiel dans la capacité de ces quartiers à maîtriser la surchauffe, notamment la nuit.

A l’inverse il y a un phénomène d’amplification forte de la chaleur dans la zone autour du marché bd Gallieni, dans la zone au sud du bd de Strasbourg ainsi que dans le périmètre compris entre la rue Charles de Gaulle et celle des Héros Nogentais notamment dans la partie Est de ce périmètre.

Le reste de la ville est en zone d’amplification moyenne de la chaleur, ce qui doit aussi appeler l’attention.

Or depuis 2003 on ne peut que constater que la grande densification des constructions de logements (plusieurs milliers) s’est précisément opérée dans le centre- ville, le long du bd de Strasbourg , dans l’ensemble des rues du centre autour du marché et du bd Gallieni.

Cette densification en zone pourtant vulnérable au phénomène de chaleur urbain a eu pour conséquence une diminution drastique des espaces peu construits et des espaces verts privés qui même s’ils sont plantés d’arbre ne bénéficient pas de la protection de cœurs d’ilots dans ces zones. En outre, l’extension des surfaces et des hauteurs bétonnées accroit l’effet de réverbération la nuit des constructions de ces quartiers.

L’imperméabilisation des sols

Enfin p 35 et 36 le rapport insiste sur la nécessité de combattre l’extension des surfaces imperméabilisées notamment pour réduire les ruissellements urbains et constituer en pleine terre des réserves d’eau disponibles pour la végétation et sa capacité à rafraichir l’air par évapotranspiration.

Nécessité de plus d’espaces verts

Si l’on se réfère au pré-diagnostic de la MGP on est donc face à un problème d’ordre climatique sérieux qui clive la ville en deux : d’un côté des quartiers sous l’empire de protections patrimoniales qui s’avèrent finalement protectrices face à l’aléa climatique, de l’autre les quartiers de la ville les plus peuplés où les habitants se battent face à l’océan de béton des promoteurs immobiliers dans des quartiers au surplus totalement dénués d’espaces verts publics de proximité.

Par proximité on entend un trajet d’environ 10 mn à pied pour les atteindre. En outre, aucune opération immobilière ne prévoit de constructions adaptée au problème des ilots de chaleur (usage de matériaux peu réverbérants , toitures végétalisées, notamment)

Il y a donc urgence à freiner au plus vite la frénésie des promoteurs immobiliers et à imposer une augmentation des espaces verts plantés en pleine terre afin de leur permettre un développement suffisant pour rafraichir mais aussi pour filtrer les polluants de toutes sortes générés notamment par la proximité d’axes autoroutiers très fréquentés ;

En page 12 une carte de l’IAU évalue le trafic moyen journalier annuel de l’autoroute A4 longeant le sud de la ville à une fourchette comprise entre 150000 et 300000 véhicules.

L’A86 dont un petit tronçon est à l’air libre au sud-est est lui aussi très fréquenté (jusquà 150000 véhicules en trafic moyen journalier)

Le chapitre 3 intitulé » qualité de l’air et émissions de gaz à effet de serre » indique p 41 que malgré une tendance à la baisse des niveaux de pollution chronique, les concentrations de particules et de dioxyde d’azote mesurées dans la MGP restent supérieures aux valeurs limites à proximité des axes routiers majeurs.

Les concentrations en particules en benzène et en ozone sont supérieurs aux objectifs de qualité français.

Nogent est ainsi extrêmement concernée par le problème de la pollution de l’air qui a notamment pour effet d’accentuer la chaleur.

Il parait donc indispensable de réfléchir aux moyens : espaces verts, limitation de la circulation qui pourraient y remédier.

 

 

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